Le commandant Suleyman admirait l’infiniment grand.
Pour ainsi dire, rien ne le séparait de cette chose qu’est l’espace - tissu dont on ne faisait que s’éloigner au fur et à mesure qu’on le connaissait mieux – si ce n’était des hublos de verre. Qui étaient, il faut quand même le dire, doublés de part et d’autre d’une fine couche de Phfae (dit fé ) « plasma harmonique froid amorti entretenu » renforcée par un champ électromagnétique, ainsi que du sempiternel bouclier de 420ù, porté à 110% de sa puissance d’origine.
En tout, il valait mieux tenter de percer la coque du vaisseau que les champs de vues du poste de commandement.
Mais bon, les adversaires du Gallpador, Vaisseau de Bataille de tête, s’entêtaient toujours à cibler leurs attaques sur le lieu de direction de la flotte, s’écrasant même, parfois, par manque de maniabilité de leurs chasseurs légers, ou tout simplement par héroisme kamikaze têtu.
Le commandant, alerté plus tôt – alors qu’ils se trouvaient sur Arrakias, la Planète Mère de l’Empire Gallan, dirigé par la princesse Alynilielle – qu’une importante quantité de ressources se trouvaient sur une planète à quelques systèmes solaires près, sans protection autre qu’un simple Canon à Ion, avait aussitôt ordonné l’appareillage de toute la flotte, à savoir les 55 Grands Transporteurs et les 75 Vaisseaux de Batailles, par prudence.
En effet, une planète avec autant de ressources qu’Arrakias, mais qui n’était pas protégée, ne pouvait être que la résultante d’un assaut imminent, et serait certainement entrain de fabriquer des défenses rapidement, ou ce serait fait pillée entre temps.
En chemin vers son vaisseau, à l’aide d’une navette de transport militaire, il avait prit connaissance de toutes les choses à savoir.
La planète était dirigée par un être méconnu, ou peu connu de l’univers, qui faisait partie d’une alliance faible, surtout par rapport à la PLW.
Les coordonnées de la planète étaient 4 :102 :5 , et les 5 sondes d’espionnages y avaient détecté une activité normale, ainsi que la présence de 20 grands transporteurs.
Ce n’était pas un problême, mais par soucis de gaspillage, Suleyman avait quand même ordonné à 10 Recycleurs de partir sur le champ.
Après avoir calqué sa vitesse sur les Recycleurs durant un temps, le commandant avait décidé d’accélérer. C’était assez grisant de voyager à une vitesse de 28000µ, mais c’était surtout un ordre donné par peur d’arriver en retard, pour arriver sur une planète où tout aurait déjà été pillé… Ou presque.
Maintenant, voyant la planète se profiler à l’horizon, et ayant pris connaissances des derniers rapports d’espionnages, qui indiquaient toujours les même statistiques, le commandant Suleyman fut pris d’un doute.
En effet, est-ce que les systèmes de repérages de la planète cible étaient en panne, pour qu’ils n’aient pas levé le branle-bas de combat ? Une guerre civile avait-elle éclaté, une révolution ?
Car, il était compréhensible qu’ils n’aient pas checké la zone d’où la flotte venait, mais il était impensable qu’ils ne soient pas au courant de la venue de cette flotte, alors qu’elle se trouvait à présent en vue…
Mais il n‘était plus temps de réfléchir à cela, ni de rebrousser chemin, il était temps d’agir.
Ils virent le Canon à Ion tirer désespéremment, touchant peu de cibles pour ne leur faire que des dégats minimes, avant de se faire endommagé suffisemment pour s’arrêter. La bataille était finie avant d’avoir commencé. Ce n’était pas très satisfaisant…
Le commandant donna l’ordre d’envoyé les troupes de terres, le temps qu’il faudrait pour piller.
Durant ce moment, il s’accorda quelques instants de réflexion et se demanda quelle serait ça récompense pour avoir ramené toutes ses ressources sur Arrakias, et espéra secrètement qu’il y aurait un remerciement officiel, ou tout du moins fait en présence de la douce Sharra.
Mais rapidement, lorsque son officier supérieur refit surface, l’air blême, Suleyman perdit le fil de ses pensées. Il demanda , sèchement :
« - Que se passe-t-il, Capitaine ? L’assaut est-il fini ? »
Et celui de répondre, en bégayant :
« - Je… oui, mon commandant, le peu de résistance au sol a rapidement été mis sous contrôle, nous n’avons eu aucune perte. »
« - Mais alors, pourquoi cet air de chien battu, Capitaine ? Dites-moi immédiatement ce qui ne va pas ! »
« - Je… Le montant total de nos pérégrinations, mon commandant, s’élève à euh… »
Il déglutit.
« - À une unité de métal, mon commandant. »