Suite à la destruction de la majeure partie de son empire par des énormes météorites, le seigneur Wartz avait été contraint de s’abriter, dans l’immense et surprotégé empire de son ami l’empereur Frans, avec tout son peuple. Il y avait défendu pendant quelques temps la paix et l’armonie de toutes ses forces et de toute la férocité de sa lame pourpre, aidé de la majeure partie de son armée ayant survécu. Pour le remercier de cette aide précieuse, Frans avait cherché à conquérir des planètes de plus en plus grandes, afin que le peuple wartzien puisse continuer à se développer dans l’espoir qu’un jour, sa puissance pourrait renaître. Ce jour arriva.
En effet, l’empereur Frans était vieux et fatigué, mais il ne pouvait se résoudre à abandonner son empire en plein essor. Il convoqua donc le seigneur Wartz. Celui-ci arriva, vêtu, comme toujours, avec raffinement, « larmes de sang » pendant comme à l’accoutumée à son coté. Le mythe disait que le seigneur ne faisait confiance à personne d’autre qu’à son épée, c’était faux.
L’empereur Frans le fit asseoir.
« Mon ami, dit-il, je suis vieux, je n’ai pas de successeur, et pourtant l’empire devient de plus en plus puissant. Je ne peux assumer cette charge plus longtemps, hors je sais que tu rêves de retrouver ta puissance d’antan. Je peux te rendre cette puissance multipliée par mille. Tu es le seul en qui j’ai réellement confiance. Je veux donc que tu te charges de mon empire. »
L’empereur Frans était la seule personne qui se serait risquée à tutoyer l’empereur Frans. Il en allait de même dans l’autre sens.
« Rien ne me ferait plus plaisir, rien ne m’honore plus que ta demande, et je traiterai ton peuple comme le mien. »
Ainsi fut scellé l’accord, et l’empereur Wartz retrouva sa puissance et son titre.
L’empereur Frans en personne dirigea les préparatifs du couronnement de son ami. La cérémonie fut somptueuse, et le peuple acclama son nouvel empereur. On n’aurait pu trouver plus digne successeur.
Le soir même avait lieu une réunion du haut conseil de l’assemblée des pèlerins du monde perdu. A peine la cérémonie du sacre terminée, l’empereur Wartz sauta dans son chasseur lourd personnel.
Il arriva au hall de rassemblement de l’alliance des seigneurs pèlerins. Exalté à l’idée de retrouver ses anciens camarades, il entra dans la salle du conseil, mis au courant de son intronisation. L’accueil fut froid, comme il s’y était attendu. Et comme il en avait conscience, il le méritait. Il intercepta le regard glacial et dédaigneux que lui jeta seigneur Arfahim. Malgré cela, il sourit, au comble du bonheur de se retrouver à nouveau dans cette sale que son cœur n’avait jamais quitté. Il n’envisageait son empire au service de personne d’autre que cette assemblée, rassemblant des seigneurs de la guerre pour qui il ne pouvait avoir une plus grande admiration. Pire, il n’envisageait pas d’empire sans eux. L’empereur Wartz aimait les défis, plus que tout. Il retrouverait sa place d’origine, place qu’il avait perdue il y a longtemps pour cause de problèmes dans les réseaux de communication de l’ancienne planète Wartzouilla. Il reconquérrait l’estime de ces grands seigneurs, en particulier celle du seigneur Arfahim. Il laverait sa réputation de pélerin, entachée par son orgueil et sa volonté de ne point avoir tort qui l’avait conduit, l’hors de son dernier passage, à quitter sur un coup de tête, ces seigneurs, cette salle et son empire. Il n’était pas dans l’habitude de l’empereur de s’excuser ou d’avouer ses fautes, mais il avait changé. Il monta les escaliers et s’agenouilla devant le grand Endymion. Il était de retour chez lui.
.
